Éco-conception web : réduire l'impact carbone d'une page web

L'éco-conception web est une nécessité pour réduire l'impact du numérique : chaque élément d'une page web compte.

L'impact environnemental du numérique est un enjeu de plus en plus préoccupant. Selon l'ADEME, le secteur numérique représente environ 4% des émissions de gaz à effet de serre mondiales, un chiffre qui pourrait tripler entre 2030 et 2050 si rien n’est fait. Dans ce contexte, l'éco-conception web apparaît comme une solution clé parmi d’autres pour limiter cet impact. Mais de quoi s'agit-il réellement ? L'éco-conception web vise à réduire l'empreinte environnementale des sites internet en optimisant chaque élément qui compose une page web. C'est une approche qui prend en compte l'ensemble du cycle de vie numérique, du développement à l'utilisation par les utilisateurs.

L'étude Greenspector : le coût carbone des éléments web

L'étude menée par Greenspector et l'INRIA offre un éclairage précieux sur les impacts environnementaux des éléments d'une page web. Grâce à une méthodologie rigoureuse, cette étude a mesuré la consommation énergétique de différents composants, de l'ajout d'un simple texte à l'intégration d'une vidéo haute définition. Cette démarche innovante, comparable à une autopsie minutieuse d'une page web, a permis de révéler le "poids" numérique de chaque élément, souvent sous-estimé.

Le classement des éléments web selon leur impact

L'étude a révélé que les éléments web n'ont pas tous le même impact carbone. Voici un aperçu de leur classement du moins au plus gourmand en ressources :

  1. texte seul
  2. tableau
  3. image allégée
  4. carte interactive
  5. image brute
  6. fichier audio
  7. GIF animé
  8. vidéo basse définition
  9. vidéo haute définition
  10. animation
  11. intégration d’un contenu de réseau social

Contrairement aux idées reçues, un fil d'actualité Facebook peut s'avérer plus énergivore qu'une carte interactive. Les requêtes cachées et le rafraîchissement constant des données en arrière-plan augmentent l'impact énergétique, même lorsque l'utilisateur est inactif.
Autre surprise : sur les écrans AMOLED (technologie qui permet de réduire la consommation d'énergie tout en améliorant les performances), afficher du texte -surtout du texte noir sur fond blanc- consomme plus d'énergie que de nombreuses images, en raison du fait que les pixels blancs nécessitent plus d'énergie pour être illuminés.

photo d’un écran d’ordinateur avec une page web affichée

La consommation énergétique au-delà du chargement

L'impact environnemental des éléments d'une page web ne se limite pas à leur chargement initial. L'usage actif des composants interactifs, comme les vidéos et les animations, peut significativement augmenter leur impact en termes de données échangées, de requêtes réseau (un message envoyé vers un serveur qui émet une réponse) et de consommation de l'énergie du processeur et de la batterie. Par conséquent, lors de la conception d'un site web, il est crucial de s'interroger sur la nécessité de chaque élément interactif.

Les bonnes pratiques de l'éco-conception web

L'éco-conception web repose sur des principes de simplification et d'optimisation. Voici quelques pratiques à adopter pour rendre vos activités numériques moins gourmandes en ressources :

  1. Hébergement vert : optez pour des hébergeurs éco-responsables qui s'engagent dans des pratiques énergétiques durables. Par exemple, O2switch (France), Infomaniak (Suisse) ou EX2 (France et Canada).
  2. Design épuré : éliminez les fonctionnalités superflues et privilégiez des designs simples. Chaque élément graphique a un coût énergétique.
  3. Optimisation des images : préférez les images allégées aux formats optimisés (comme le format WebP) et réduisez leur résolution lorsque c'est possible.
  4. Limitation des vidéos et animations : les vidéos, en particulier en haute définition, sont parmi les éléments les plus gourmands en ressources. Réduisez leur utilisation ou optez pour des formats de moindre qualité.
  5. Gestion des requêtes HTTP : minimisez le nombre de requêtes réseau en regroupant les fichiers CSS et JavaScript et en utilisant la mise en cache des données statiques.
  6. Mise en place d'un mode sombre : sur les écrans AMOLED, un mode sombre réduit significativement la consommation d'énergie (et préserve vos yeux et votre sommeil).
écran d’accueil de Google en mode sombre

Évaluer l'empreinte écologique de vos activités numériques

Avant d'entamer une démarche d'éco-conception, il est judicieux d'évaluer l'empreinte écologique de vos activités numériques. Des outils comme Ecoindex et Ecometer permettent de réaliser un audit vert en quelques clics. Ces outils évaluent la performance environnementale de vos projets numériques en fonction de critères tels que le poids des données, la complexité et l'empreinte en termes de gaz à effet de serre.

Le dilemme entre fonctionnalité et sobriété

L'éco-conception implique souvent de trouver un équilibre entre fonctionnalité et sobriété. Les animations, les vidéos et les contenus interactifs peuvent enrichir l'expérience utilisateur, mais ils ont un coût écologique. Selon l'étude de Greenspector, l'intégration d'un contenu de réseau social est l'un des éléments les plus énergivores. Cela soulève une question cruciale : chaque élément ajouté à une expérience numérique est-il réellement nécessaire ?

Conclusion : un numérique plus responsable est possible

L'éco-conception est un enjeu majeur pour réduire l'empreinte écologique du numérique. En repensant les éléments qui composent nos activités numériques, nous pouvons contribuer à une consommation plus sobre. Il ne s'agit pas de renoncer aux fonctionnalités avancées, mais de les intégrer de manière réfléchie et optimisée. En adoptant des pratiques d'éco-conception, non seulement nous réduisons notre impact environnemental, mais nous améliorons également la performance globale de nos outils numériques.

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