L’économie régénérative : la tendance RSE à suivre ?
Plus ambitieuse que l’économie circulaire, l’économie régénérative promet de réparer plutôt que limiter les dégâts.
Plus ambitieuse que l’économie circulaire, l’économie régénérative promet de réparer plutôt que limiter les dégâts.
L’économie régénérative désigne une approche qui vise à restaurer et à renforcer les écosystèmes, au lieu de simplement réduire les impacts négatifs de l’activité économique. Elle s’inspire du vivant et des écosystèmes naturels pour repenser les modèles de production et de consommation. Ses principes fondamentaux reposent sur la circularité, la résilience, la diversité et l’interdépendance.
Contrairement aux démarches traditionnelles de la RSE, souvent défensives et centrées sur la réduction des nuisances, l’économie régénérative adopte une posture proactive : il ne s’agit plus de « moins détruire » mais de « mieux reconstruire ». Autrement dit, l’entreprise n’est plus seulement tenue de compenser ou de limiter son empreinte, elle doit devenir un acteur de régénération des ressources et des territoires.
Des exemples concrets illustrent déjà cette transformation : des marques de cosmétiques qui cultivent leurs ingrédients dans des fermes en agroforesterie régénérative, des industries textiles qui réhabilitent les savoir-faire artisanaux locaux en intégrant des fibres biologiques cultivées sans irrigation artificielle, ou encore des projets de reforestation associés à des circuits économiques locaux. L’objectif commun : restaurer le capital naturel tout en créant de la valeur partagée.
L’économie régénérative se distingue nettement de l’économie circulaire. Si cette dernière cherche à boucler les cycles de vie des produits en limitant les déchets et en optimisant la réutilisation, elle ne remet pas toujours en cause les modèles économiques ni les échelles de production. L’économie régénérative, elle, s’inscrit dans une logique de transformation en profondeur : elle propose de repenser les modèles d’affaires, les modes de gouvernance et les chaînes de valeur à la lumière des limites planétaires.
Face à l’engouement croissant pour cette approche, un risque majeur apparaît : le greenwashing. Le terme « régénératif » est porteur, mais sans cadre rigoureux, il peut être utilisé à des fins purement marketing, sans réelle transformation des pratiques. Pour éviter ces dérives, la mise en place de normes, de référentiels et de labels devient cruciale.
À ce jour, il n’existe pas de définition officielle unique de l’économie régénérative. Cette absence d’encadrement ouvre la voie à des interprétations très variables. Certains acteurs appellent donc à créer des indicateurs permettant de mesurer les effets positifs réels d’une entreprise sur les écosystèmes, que ce soit en matière de biodiversité, de qualité des sols, d’eau ou encore d’ancrage territorial.
La régénération ne peut être crédible que si elle s’inscrit dans une démarche transparente, mesurable et vérifiable. Cela implique de repenser les outils d’évaluation extra-financière, d’intégrer des critères de contribution positive et de rendre compte, non seulement des impacts évités, mais aussi des bénéfices générés pour les écosystèmes et les communautés.
Des initiatives commencent à émerger, notamment dans le secteur agricole et dans l’immobilier durable. Mais une véritable dynamique de structuration reste à construire pour faire de l’économie régénérative un levier fiable et cohérent de la transition écologique des entreprises.
Les entreprises sont en première ligne pour opérer ce changement de paradigme. Cela suppose une évolution profonde de leur stratégie, de leur gouvernance et de leur culture. Adopter une logique régénérative implique de repenser sa raison d’être, de revisiter ses relations avec les parties prenantes et d’intégrer pleinement les dynamiques locales et environnementales à son modèle économique.
Certaines entreprises pionnières expérimentent déjà ces nouvelles voies. On observe une relocalisation de certaines productions, un recours accru aux savoirs autochtones ou aux pratiques agricoles traditionnelles, ainsi qu’une co-construction de projets territoriaux alliant performance économique et résilience écologique.
Mais pour que cette dynamique se généralise, les pouvoirs publics ont un rôle fondamental à jouer. Ils peuvent structurer cette transition via des incitations fiscales, des dispositifs de financement ciblés, des appels à projets territoriaux et une politique industrielle cohérente avec les objectifs climatiques et de biodiversité. La commande publique pourrait également devenir un levier fort en intégrant des critères de régénération dans ses cahiers des charges.
Le secteur financier est lui aussi interpellé : pour soutenir l’économie régénérative, il doit revoir ses critères d’investissement et intégrer la régénération dans ses modèles d’évaluation des risques et des performances. Cela nécessite une redéfinition des critères ESG, aujourd’hui souvent focalisés sur la réduction des impacts plutôt que sur la contribution positive.
L’économie régénérative ne constitue pas seulement une nouvelle tendance de la RSE : elle en redéfinit profondément les contours. Elle engage les entreprises dans une responsabilité accrue, fondée non sur la seule réduction de leur empreinte, mais sur leur capacité à contribuer à la régénération du vivant.
C’est une voie exigeante, qui suppose de revisiter des certitudes, de nouer des alliances inédites et d’accepter une certaine forme d’incertitude créative. Mais c’est aussi une formidable opportunité de redonner du sens à l’activité économique, de renouer avec les territoires et d’innover au service du bien commun.
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